Le Baobab

August 13, 2009 at 5:42 pm 1 comment

Auteur : Laurine

Petit rappel concernant le projet de Roger, sur lequel Abdoul Aziz et moi-même travaillons depuis maintenant 3 semaines. Roger souhaite développer des logiciels de gestion des écoles qui soient simples et abordables à destination des écoles les plus modestes. Il souhaite également distribuer des supports audiovisuels de formation à l’informatique aux enfants Sénégalais.

Cette semaine, Aziz et moi avions pour objectif d’évaluer la demande en logiciels de gestion en allant dans les écoles pour constater sur place comment les directeurs collectent et gardent les données sur les élèves et s’ils pouvaient être intéressés par un produit tel que le proposera bientôt Roger…

Deux constats se sont vite imposés :

–          Dur de rencontrer les directeurs pendant les vacances scolaires

–          Dur de contacter les écoles par téléphone car les données du Ministère sont anciennes et la plupart des numéros ne sont plus attribués (les lignes téléphoniques sont coupées quand les factures ne sont pas payées puis rouvertes avec un autre numéro).

Nous ne nous décourageons pas et nous rendons dans le quartier des Parcelles Assainies de Dakar. A l’école préscolaire et élémentaire Le Baobab, nous sommes accueillis par un vieux monsieur à l’apparence froide mais qui se révèlera être l’une des personnes les plus inspirante et touchante que j’ai pu rencontrer…

Voici son histoire.

Monsieur Gaye a grandi dans ce quartier de Dakar et a commencé sa vie professionnelle en tant qu’instituteur puis éducateur. A l’âge de la retraite, il lui paraît impensable de rester chez lui et décide de fonder une école. L’école Le Baobab voit le jour en 1999.

Elle accueille d’abord une quinzaine d’enfants puis 30. Au lieu de ne faire qu’une seule classe avec des niveaux multiples, Monsieur Gaye voit avant tout l’intérêt de ses élèves et constitue plusieurs classes de 5 élèves et doit donc payer plusieurs maîtres. Par ailleurs, les frais de scolarité exigés sont extrêmement bas : 6 500 francs CFA par mois par élève là où les autres écoles en demandent 20 000 francs CFA. De plus, de nombreuses familles ne peuvent pas payer les frais de scolarité. Monsieur Gaye garde pourtant les élèves à l’école là où d’autres écoles les auraient exclus.

Nul besoin de faire preuve d’une lucidité exacerbée pour comprendre que depuis 10 ans, ce Monsieur paie de sa personne (son énergie et son argent) pour faire vivre Le Baobab. Il est d’ailleurs menacé de fermeture Le Baobab. Chaque année, au moment des inscriptions, les instituteurs tentent d’éloigner le directeur pour gérer eux-mêmes les inscriptions et exiger les frais de scolarité des récalcitrants. « Que voulez-vous, je suis sensible moi ! Je ne vais pas renvoyer des gens chez eux parce qu’ils ne peuvent pas payer. » Il nous montre le registre des impayés : 800 000 francs CFA depuis l’ouverture de l’école, une véritable fortune. Il nous montre également le dossier d’un élève dont les parents ne paient pas : « regardez cet élève, il est brillant. Il est tellement intelligent, il doit rester ici, il fera de grandes choses dans la vie.  Vous savez, les personnes les plus pauvres sont souvent les plus brillantes. Quand les parents me donnent un peu d’argent, bien que ce soit peu, c’est déjà beaucoup pour eux, je ne peux pas en réclamer plus. »

Pourquoi n’augmente-t-il pas ses frais de scolarité ? Parce que les parents risqueraient d’envoyer leurs enfants dans une école de Dakar où les locaux sont bien plus beaux qu’au Baobab, mais l’enseignement n’y est pas aussi bon. Monsieur Gaye est fier de l’enseignement dispensé à ses élèves : presque 100% de réussite à l’examen de fin d’études élémentaires et seulement 2 redoublants sur 350 élèves.

C’est le genre de rencontre improbable qui me m’a beaucoup marquée. Il nous a beaucoup remerciés de l’intérêt qu’on lui portait alors que je suis sûre qu’il n’a même pas réalisé à quel point il m’a tellement apporté en l’espace de quelques minutes…

Entry filed under: Les projets.

Une Social Business Venture pour nos entrepreneurs ? Voute nubienne

1 Comment Add your own

  • 1. Ferlon O1  |  August 16, 2009 at 2:23 am

    Voila un texte qui démontre toute votre humanité ma chère demoiselle.Continué vos efforts, et surtout restez comme vous êtes.
    Une belle personne au sens noble du terme 😉

    Reply

Leave a comment

Trackback this post  |  Subscribe to the comments via RSS Feed


Flickr Photos